Le Chêne et le Roseau

Force ou souplesse?

07 Décembre 2017

Force ou souplesse

C’est le thème qu’aborde la fable de la Fontaine, « Le Chêne et le Roseau » :

Le Chêne un jour dit au Roseau :

« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent, qui d’aventure

Fait rider la face de l’eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d’arrêter les rayons du soleil,

Brave l’effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.

Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n’auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l’orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent.

La nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,

Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. « Comme il disait ces mots,

Du bout de l’horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.

L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu’il déracine

Celui de qui la tête au Ciel était voisine

Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.


Que nous dit cette fable ? Que les apparences sont parfois trompeuses. La force et la rigidité du chêne ne lui permettent pas de se plier face à la tempête. Le chêne n’a pas d’autre solution que de se rompre et mourir. Alors que le frêle roseau plie et ondule au gré des vents sans jamais se rompre.

C’est une parfaite analogie de ce que certains caractères peuvent être. En apparence, la personne semble forte, mais n’en est pas moins fragile lorsque la tempête de la vie se lève et souffle fort. Sa force apparente est une faiblesse. Tandis qu’une personne au caractère qui semble fragile en apparence a la capacité d’être souple, de plier sous la pression et de se relever… 

La force est-elle vraiment la meilleure façon d’aborder les épreuves ?

Cette analogie semble parler de qui nous sommes vraiment au fond de nous. La force a ses limites, la souplesse à sa vertu.

Nous ne pouvons pas dire avec certitude laquelle, de la souplesse ou de la force, s’adaptera le mieux à ce qui vient, mais gardons à l’esprit que la force et la puissance ne sont pas systématiquement garantes de stabilité et de victoire.

Si nous sommes une personnalité « très chêne », on traversera sans doute des épreuves qui tenteront de nous déraciner : ce sera l’occasion d’expérimenter la souplesse... Nous ne changerons pas notre nature profonde mais nous pourrons peut- être inventer une nouvelle sorte de chêne qui se plie aussi bien qu’un roseau !! Trouver sa singularité dans la continuité.

Par ailleurs, on peut déplorer l’immobilisme ou la passivité du roseau malgré sa souplesse et son adaptabilité ?  Alors soyons le premier roseau capable de se déplacer et de se mettre à l’abri lorsque le soleil tape trop fort, lorsque le vent ou les moineaux viennent nous faire plier encore et encore… Soyons une nouvelle espèce de roseau, un roseau qui apprend, tire les conséquences et agit pour vivre souple mais droit.

Cette fable et cette analogie ne s’appliquent pas qu’à nos personnalités face à l’épreuve

Comment construit-on un immeuble qui puisse résister aux séismes ? Et bien, en lui apportant de la souplesse !

C’est en apportant de la souplesse au bâti, en lui permettant de se déformer, en l’articulant au maximum qu’on se protège de son effondrement. En effet, un bloc rigide et dur qui reçoit un choc violent n’a pas d’autre option que de s’effondrer, alors que le bloc souple va se déformer au gré de l’onde de choc, onduler, sans s’effondrer.