La thérapie de couple

A quoi on joue?

01 Novembre 2018

Quand le couple est en souffrance ou simplement en dysharmonie, la thérapie de couple est une solution salutaire si les deux membres sont prêts à remettre en question leurs schémas de fonctionnement obsolètes. Si une thérapie de couple ne sauve pas toujours le couple, elle permettra de mieux comprendre les raisons pour lesquelles il échoue.

Un couple est un système. La thérapie de couple permet de mettre en exergue le fonctionnement de ce système, de comprendre le rôle de chaque membre dans son mécanisme. Quand le couple est bloqué et n’avance plus harmonieusement, c’est qu’une pièce du système est cassée ou l’adéquation des pièces entravée.

Une petite révision s’impose…

Imaginons qu’un couple soit une bulle remplie d’énergie qui avance grâce à cette énergie. Idéalement cette bulle serait remplie à 50% d’énergie de l'un, et à 50% d’énergie de l'autre, et chaque énergie occuperait un espace strictement équivalent. 

Bon, ça c’est la théorie…. Dans les faits, que se passe-t-il ? 

Dès que nous entrons en relation avec une personne, il se met en place une sorte de jeu de rôles selon la personnalité de chacun : dominant/dominé, introverti/extraverti, bavard/taiseux… Donc dans le couple, c’est pareil. D’entrée de jeu, lorsque deux personnes qui se plaisent entre en relation de couple et décident de former cette bulle, ils vont apporter chacun leur part d’énergie dans la bulle, mais rarement à 50/50… 

Et là, plusieurs scénarios sont possibles, mais je vais m’attarder sur un modèle. D’autres modèles feront peut-être l’objet d’autres articles dans le futur ?... 

Un membre prend plus de place car son énergie est si forte qu’elle écrase celle de l’autre, ou un membre du couple recroqueville son énergie offrant ainsi toute la place à l’énergie de l’autre. C’est le cas d’un couple où l’un des membres est dominant et l’autre plus en retrait. S’ils décident délibérément de former ce couple, c’est que, dans un premier temps, cette répartition convient à chacun… On pourrait croire que cet assemblage est parfait et fait pour durer puisque cela s’équilibre. Or ce genre d’équilibre ne peut pas durer pour la simple raison qu’arrivera un jour où celui qui domine sera fatigué de pédaler pour deux et enverra balader l’autre. En effet, le membre en retrait aura tendance à se laisser porter par le mouvement donné par l’autre et ne prendra aucune initiative, ce que finira par lui reprocher le membre dominant. 

Si le membre dominant prend toute la place ce n’est pas par goût de nurser et d’assister son compagnon jusqu’au choix de la couleur de son caleçon, mais avant tout parce qu’il cherche à être félicité, admiré, reconnue pour ce qu’il fait pour l’autre. Ainsi il tend à combler un manque de reconnaissance, manque de légitimité ancré plus en amont dans son existence… Quant au membre en retrait, il ne lui apportera jamais cette reconnaissance tant recherchée car, lui, s’il s’est mis dans cette posture, c’est parce que se faire prendre en charge l’arrange bien. Il s’estime lui-même être en carence de soin, d’attention, de protection et lui aussi cherche à réparer une blessure intime qui crie « Je veux qu’on s’occupe de MOUA ! ».

Donc, si on résume, dans ce type de couple, on a un membre qui pédale pour deux en espérant que l’autre lui dise « Merci, c’est tellement bien ce que tu fais ! », mais l’autre membre qui se laisse porter car il estime qu’il le vaut bien et qui, de toutes façons, ne recevra jamais assez tant sa blessure est profonde… Comment ça finit tout ça ?

Il arrivera un moment où le membre qui pédale se sentira énergétiquement vampirisé et le reprochera à l’autre : « J’ai tout fait pour toi ! » (Comprenez « J’étouffais pour toi ! »). Le membre en retrait, qui s’est enfoncé un peu profond dans sa névrose encouragé par l’attitude maternante de l’autre, reprochera alors au membre dominant de ne pas le comprendre et de ne rien faire pour l’aider ! ("Tu comprends rien, tu ne fais rien pour moi!": ça ressemble un peu à une complainte d’adolescent…)

Ou, il arrivera un moment où le membre en retrait évoluera et souhaitera s’émanciper trop violemment. Il reprochera alors l’abus de pouvoir de l’autre. Ce à quoi l’autre répondra, outré, « Quoi ? Mais j’ai tout fait pour toi ! »

Bref, on tourne en rond.

Une autre issue consisterait à ce que chaque membre fasse un morceau du chemin : que le membre dominant comprenne quel manque de reconnaissance il cherche à combler en agissant ainsi, et qu’il accepte de rendre une partie de la place dans la bulle au membre en retrait pour qu’il puisse prendre sa place. Le membre en retrait devra lui travailler sur ce qui l’empêche de prendre sa part de responsabilité et oser se déployer.

Vous l'aurez compris, pour sauver un couple, il faut être deux. Si l’un des deux membres n’est pas en mesure de faire le bout de chemin qui lui appartient et quitter le rôle dans lequel il est installé, l’autre seul ne pourra rien faire évoluer, ni sauver. Le couple est un système, si une pièce manque ou dysfonctionne, rien ne marche.

Bien évidemment il est exposé là un modèle de fonctionnement du couple parmi d’autres, mais il s’agit de celui que je croise le plus fréquemment en consultation.