La Résilience

ou ce "merveilleux malheur"...

27 Septembre 2017

On entend souvent parler de « résilience ». C’est un terme proposé par le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans son livre "Un merveilleux malheur" (tout est dit…) pour décrire la capacité qu’ont certaines personnes à triompher des épreuves, des différents traumatismes qu'elles subissent : deuil précoce, abandon, maltraitance, maladie, violence sexuelle, guerre, etc...

En science, la résilience désigne la capacité pour un corps à retrouver ses propriétés initiales après une altération. Appliqué à la psychologie, il désigne la capacité à réussir à vivre et à se développer positivement, en dépit des conditions de stress ou d'adversité qui auraient dû sidérer et fracasser le psychisme. En résumé, il s’agit de la capacité à revenir d’un état de stress post traumatique.

Même si cette notion de résilience est un fabuleux message d'espoir, les êtres ne sont pas tous égaux en termes de résilience. Pour Boris Cyrulnik, la résilience prouve que le malheur n'est pas une destinée, que rien n'est irrémédiablement inscrit, et qu’on peut toujours s'en sortir.

Biologiquement, des prédispositions génétiques existent. Même si par l’observation de l’ADN d’un sujet, on sait que le cerveau de telle personne sécrétera beaucoup de dopamine et de sérotonine (appelées aussi "les hormones du bonheur" puisqu’elles rendent actif et stimulent l’appétit de vivre), il demeure strictement impossible de déterminer génétiquement si un enfant aura une évolution résiliente, même s’il est très « tonique ».

Toutes les études montrent qu'un sujet peut davantage faire preuve de résilience s'il dispose de tuteurs de développement autour de lui. Par tuteur de développement, on entend une famille soutenante, ou un compagnon, ou une rencontre ou un adulte tout simplement compréhensif. Les instituteurs, éducateurs, psy, profs de yoga et autres coaches sportifs peuvent être des tuteurs de développement. Bref la résilience s’étaye sur la capacité à faire preuve d’humanité envers nous-mêmes et nous comporter comme un être humain.

Le point commun entre tous les sujets résilients est la mise en place d’attitudes de protection. D’abord la révolte, le refus d’être condamné au rôle de victime passive : "J’ai en moi la force de réagir, aussi je vais me battre, chercher à comprendre." La résilience est finalement la capacité de sortir du statut (c'est figée une statue...) de victime en intégrant l’événement sidérant au mouvement de la vie et continuer le processus d’évolution.

Un autre mécanisme de protection peut être le déni. "J’ai été blessé, violé, je me suis prostitué, mais ce n’est pas si grave, je ne suis pas mort, on s’en sort." Ce déni leur sert avant tout à se protéger de la pitié des autres, et à éviter que les autres ne les enferment dans le statut de victime. N’empêche que dans l’intimité, souvent, ils pleurent, souffrent, rêvent… en silence.

Pour terminer le dernier mode de défense qu’ils mettent en œuvre, c’est l’humour…. Noir et cynique de préférence! "Si je fais rire, sourire de ce qui m’est arrivé, c’est que ce n’est pas si grave que ça" se convainquent-ils eux-mêmes. 

La résilience ne serait elle pas en quelques sortes la capacité à donner du sens à l’inacceptable ?