Femme-Enfant ou Amazone:

Chaque femme est d'abord la fille de son père...

22 Octobre 2017

La blessure intime de la plupart des femmes provient de sa relation manquée au père.

Bien évidemment le schéma qui suit est donné à titre d’exemple. Il n’est pas universel et exhaustif. La rédaction de cet article a été étayée par le livre « La Fille de son Père » de Linda Schierse Léonard.

Le père a pu être « insatisfaisant » à cause de son absence. L’absence du père peut être de divers ordres : par faiblesse (chômage, alcool, vices du jeu…), parce qu’il est décédé ou gravement malade, parce que c’est un travailleur acharné peu souvent à la maison, parce qu’il est indulgent et porte peu l’autorité et le sens des valeurs. Confrontée à cette absence, la fillette manque la rencontre avec son père, lequel ne s’occupe pas de sa fille de manière responsable et engagée de sorte à mettre en valeur son unicité. Dans la construction d’un individu, le père est le modèle d’autorité, de responsabilité, de pouvoir de décision, d’objectivité, d’ordre et de discipline.

Cette blessure individuelle est en fait une véritable blessure culturelle. On reproche en effet souvent à notre société d’être une société patriarcale autoritaire qui dévalue le féminin. 

La posture du père ne doit être ni trop rigide, ni trop complaisante.

Un père complaisant aux airs d’éternel adolescent ne constitue pas un modèle d’autodiscipline, d’autorité et de mesure. Les fillettes de ces pères souffrent d’insécurité, d’instabilité, de manque de confiance en elle et d’anxiété qui ne favorisent pas l’ancrage et l’affirmation de Soi de la femme en devenir.

Un père hyper rigide, dur, froid, indifférent va surtout asservir sa fille par une attitude autoritaire et arbitraire. Inconsciemment et pour satisfaire leur père, ces fillettes brimées grandissent en dysharmonie avec leur élan vital. Par soucis d’obéissance et de devoir, elles nient leur côté féminin et leur sentiment. Chez la fillette se développe certes un sentiment de sécurité, d’ordre et de stabilité mais c’est au détriment de ses qualités féminines de sensibilité, d’intuition et de spontanéité. Quand elles deviennent femmes, elles se sentent incapables de nouer avec leurs instincts féminins puisque le père ne leur a jamais vraiment reconnu cette féminité.

Et la mère dans tout cela ?

Le père « adolescent » choisit souvent une épouse-mère. La mère est donc une femme forte, autoritaire voire castratrice. Ainsi la fillette n’a pas de modèle masculin adéquat et son père ne peut pas l’aider à tenir tête à sa mère pour se différencier de sa mère. La fillette reste liée à la mère et elle s’identifiera à elle. La jeune fille introjecte en elle cette mère autoritaire et lui restera obéissante et dévouée même une fois adulte.

Le père autoritaire a lui plutôt tendance à épouser une femme-enfant. Mère et fille se trouvent dominées par le masculin. La mère  passive ne constitue pas un modèle d’émancipation féminine pour la fillette. La fille aura tendance à répéter ce modèle de dépendance.

Ces fillettes blessées deviennent, soit des femmes éternelles adolescentes, soit des femmes amazones.

Les femmes adolescentes resteront dépendantes et abandonneront aux autres le pouvoir et la responsabilité de leur vie. Elles ont tendance à épouser un homme autoritaire. Elles se sentent faibles, sans défense, et vivent dans la peur de l’échec. Leur capacité d’entreprendre est autocensurée de l’intérieur d’elle-même par une voix sadique et perverse qui lui dit « Tu es incapable de te débrouiller car tu n’es qu’une femme ». Et évidemment, l’homme qu’elles ont choisi confirme cette conviction.

La femme amazone est, elle, en protestation contre la père insuffisant et insatisfaisant. Elle revendique. A défaut de père satisfaisant, elle cherche à se procurer en elle-même ce qui lui manque en se construisant une forte identité masculine, parfois jusqu'au mimétisme du masculin. Il s’agit là d’une carapace de protection contre ce qu’elle vit comme une souffrance d’abandon, de rejet ou de désintérêt du père. Néanmoins cette armure la prive également de son besoin de douceur. Ce sont des femmes qui s’accomplissent souvent parfaitement dans le milieu professionnel. En off, ces femmes sont souvent épuisées, remplies de larmes, découragées et souffrent de solitude.

Chez la plupart des femmes, ces 2 modèles coexistent et alternent : une femme visiblement forte et compétente mais peureuse, timide et pétrie de doute à l’intérieur.

"Personne ne m’obligera à être libre si je n’en ai pas envie."

La transformation est possible. Elle est même préférable à l’effondrement (dépression, crise, accident, décompensation, burn-out...). Pour sortir de cette blessure, il s’agit dans un premier temps d’identifier et reconnaître le modèle d’amure que nous revêtons. Ensuite, il y a un travail d’acceptation de la faiblesse secrète qui permettra à la force créatrice de jaillir et servir de propulseur plutôt que d’être contenue et dirigée par soucis d’adaptation. Souvent pour ce travail, il est nécessaire de plonger dans l’inconscient pour y rencontrer ses faiblesses afin de donner naissance à un nouvel être à l’attitude créatrice qui peut transformer l’existence. Il s’agit de passer du FAIRE au LAISSER-FAIRE.

Sauf dans les cas particuliers et tristes de maltraitance, les parents élèvent leurs enfants du mieux qu'ils peuvent, avec ce qu’ils ont à leur disposition : que ce soit sur le plan matériel ou émotionnel. Tout ce qu’ils transmettent à leurs enfants leur a souvent été eux-mêmes transmis par leurs parents… De la même manière, ils peuvent rarement transmettre ce qu'ils n'ont pas reçu, et ce qu'ils n'ont pas ressenti le besoin de chercher et trouver. 

Le travail thérapeutique ne consiste absolument pas à remettre en question la qualité et l’authenticité de l'amour des parents, mais propose simplement de reconnaître objectivement l’obsolescence d’un mode de fonctionnement. Si à l’époque, ce schéma nous a permis de grandir et de devenir l’adulte qu’on est, il est un moment où ce mode de fonctionnement semble arriver à sa limite et il est légitime de ressentir le besoin de s’en défaire, comme on ressent le besoin de défaire un vêtement qui boudine, qui opprime, qui ne sied plus.