A l'écoute de notre enfant intérieur

Ou écouter nos propres appels au secours.

28 Août 2019

Parfois, nous sommes rattrapés par des sentiments puissamment désagréables et tellement irrationnels que rien ne semble les apaiser. Alors que tout va bien pour nous (enfin... que tout pourrait aller bien !), nous sommes rattrapés par une peur intense d’être abandonné, ou une jalousie infondée, ou un violent sentiment de rejet… 

Que se passe-t-il en moi à ce moment-là ?

Imaginons que vous soyez célibataire et que vous rencontriez une personne. Vous entamez une relation intime avec cette personne, tout se passe bien, vous êtes sur la même longueur d’onde ! Vous apprenez à vous connaitre, vous parlez des heures ensemble, vous êtes sur un nuage... Et puis un soir, alors qu’elle vous avait prévenu de son indisponibilité, vous vous sentez rattrapé par une sensation inconfortable, vous êtes possédé par un mal-être et vous ne pouvez rien y faire et ne rien faire. Vous êtes anéanti et empêtré, voire phagocyté  par cette émotion parasite et désagréable. Même en vous répétant qu’elle passe une soirée agréable avec ses amis, que c'est l'ordre des choses et que rationnellement vous savez qu’il n’y a rien à craindre, vous avez peur, vous vous sentez en insécurité, angoissé… Vous avez non pas envie, mais viscéralement besoin de l'appeler, de lui envoyer des messages, bref d'être rassuré. Et comme elle est indisponible, évidemment elle ne répond pas et vous vous enfoncez un peu plus dans votre angoisse... Le risque est de tenir l'autre pour responsable de votre blessure et de sa surinfection: beh oui, s'il avait répondu au téléphone ou à votre message, cela vous aurait apaisé. Vous êtes bien parti pour saboter la relation... 

Peut-on se construire solidement et étayant son bien-être émotionnel sur la disponibilité de l'autre ?

Pour une écologie relationnelle saine, notre équilibre émotionnel ne peut pas conditionner la liberté d'être et de faire de l'autre, et réciproquement, la liberté de l'autre ne doit pas conditionner notre équilibre émotionnel.

Dans ce moment-là, ce sont les tiraillements de vieilles blessures qui se réveillent. Des blessures de l'âme de l’enfant que nous étions qui n'ont pas été considérées et soignées et qui n'ont pas pu sainement cicatriser. Même si notre corps et notre psychisme ont de formidables capacités naturelles d'autoguérison, parfois l'intervention d'un tiers est nécessaire pour nous prodiguer des soins préalables à ce processus naturel : nécessité de mettre un plâtre pour que l’auto-réparation de l'os se fasse, nécessité de nettoyer une plaie et de faire des points de suture avant de laisser faire la cicatrisation naturelle... En psychologie, le processus est équivalent: si nous sommes capables de résilience et de réparer seul et dépasser certaines blessures psychiques, parfois nous avons besoin des soins d'un tiers pour soigner nos "psycatrices" (et l’anesthésie n'existe pas en psycho...)

Sans doute, cette soirée passée seul, à distance de la personne sur laquelle vous avez fondé des espoirs de relation, vient réactiver des blessures d’enfance où vous vous êtes senti abandonné, rejeté, délaissé, sans en comprendre la raison, par une personne sur laquelle reposaient votre sécurité voire votre vie (un parent ou un enseignant par exemple). Comme si une partie de vous avait imprimé que rien n’est acquis et que l’autre peut « me claquer » entre les doigts sans crier gare. Certains parents peuvent être ressentis comme insécurisants par l’inconstance de leurs réactions et comportements envers leur enfant.

La solution consiste à aller doucement au contact de l’enfant que vous étiez pour écouter et prendre en considération sa détresse. Il est temps de devenir vous-même l’adulte apaisant et protecteur que l’enfant que vous étiez n’a pas eu à ses côtés pour le rassurer et l'apaiser. Soyez un adulte posé, calme et rassurant et adressez-vous à cet enfant apeuré, à haute voix ou en fermant les yeux, et en étant totalement présent à ce que vous lui dites. Adressez-vous à lui, comme vous auriez souhaité qu’on prenne en considération votre détresse pendant l’enfance. Il est évidemment hors de question de lui faire la morale ou de le gronder par des "Eh, t'es pas une lopette, ressaisis-toi un peu!". Au contraire, vous allez attentivement écouter et considérer ses inquiétudes. Au fur et à mesure de vos échanges avec lui, vous lui ferez comprendre qu’à présent vous êtes devenus un adulte responsable, et de surcroît un adulte qui connait et comprend ses blessures. A présent, vous allez le réhabiliter et inconditionnellement vous prendrez soin de lui en évitant de le brutaliser et de le remettre dans des situations qui l’ont fait souffrir par le passé. Jamais vous ne l’abandonnerez. Vous serez toujours là pour lui et vous ferez en sorte d’organiser une vie où il ne souffre plus. 

Pour établir le premier contact avec votre enfant intérieur, je vous propose ce texte inspirant de Stéphanie Leloir, psychopraticienne. Ensuite, faites-vous confiance, improvisez, laissez parler votre cœur, personne mieux que vous ne sait l’attitude et les mots qui apaiseront et guériront cet enfant blessé

Lettre à mon enfant intérieur:

« Toi, mon Amour, mon Ange, qui vit en moi...

Il est grand temps de prendre soin de toi, n’est-ce pas ?

Toi qui n’as pas eu la chance de vivre ta vie d’enfant...

Celle que tu souhaitais...

Celle dont tu rêvais...

Celle d’un Enfant Libre d’exprimer ses émotions, ses besoins et ressentis personnels sans être réprimandé...

Celle d’un Enfant non jugé... non brimé...

Celle d’un Enfant non abandonné, non humilié, non trahi, non rejeté ...

Celle d’un Enfant ayant la possibilité de s’amuser librement, de passer du temps avec ses parents, l’esprit léger et rempli de jolis souvenirs heureux avec eux...

Celle d’un Enfant compris et pardonné pour ses erreurs, non comparé à ses frères et sœurs ...

Celle d’un Enfant reconnu, réconforté, et câliné...

Celle d’un Enfant heureux, aimé et aimant... Tout Simplement...

Toi, qui t’es senti si perdu au milieu du néant, ne sachant plus sur quel pied « Danser » avec « les Grands » ...

Toi, qui a dû développer une carapace en acier trempé pour te protéger de ce qui t’a autant blessé...

Toi, qui jour après jour a grandi sans vraiment comprendre la Vie…

Toi, qui portes toutes ses blessures émotionnelles qui ont froissé tes jolies petites ailes...

Il est temps pour toi de pouvoir les déployer et t’envoler...

Vivre dans ce monde où tu pourras enfin sourire à la place de souffrir...

Toi, mon Petit Cœur qui pleure, mon Petit Chéri, mon Enfant Intérieur...

J’ai compris qu’en réalité c’est toi et seulement toi qui guide encore aujourd’hui mes pas...

Toutes ces années, j’ai fait comme si je n’entendais pas... 

En réalité, je ne t’écoutais pas...

Tes désirs, tes craintes, tes peurs, tes douleurs, tes blessures, tes recherches d’amour et de sécurité, tes frustrations, je les ai laissé étouffer dans tes émotions.

Je ne m’étais pas encore posé les bonnes questions...

Pour tout cela je te demande Pardon...

Aujourd’hui je le sais, tu souhaites enfin devenir le « Vrai toi »...

Celui qui ne va plus essayer de t’adapter à ce qui ne te ressemble pas...

Celui qui ne va plus essayer de combler ses difficultés par toutes sortes « de choses » pour les compenser ...

Toi, mon Enfant Intérieur, qui pleure, je prends aujourd'hui ta petite main,

Et avec tout mon Amour, toute ma bienveillance, et toute ma tendresse,

Je vais t’aider à te libérer définitivement de ton Passé, pour qu’enfin nous puissions vivre totalement en Paix... »