Diminuer la pression

Le stress de performance

24 Août 2021

« Il n’y a pas d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir » suggérait Spinoza

Quand nous entreprenons une action, nous sommes souvent portés par l’espoir de réussir et surtout les avantages que nous procurera cette réussite : gain d’argent et succès, applaudissements et reconnaissance, confort et sécurité, …  

Si il y a l’espoir de réussir, cela signifie qu’il y a aussi, de l'autre côté, la crainte de l’échec. C'est précisément cette crainte qui génère la pression inconfortable qui nuit considérablement à notre capacité à réussir. 

Par conséquent, quand j’entreprends une action dans le but principal de jouir de ce que m’apportera sa réussite, je me mets la pression et je suis en situation de stress.

Il s'agit là du stress de performance.

Pour s’affranchir du stress de performance, la solution consiste à faire les choses simplement parce les faire me rend heureux, me met en paix, me fait du bien, quel que soient le résultat. Si en plus, il y a des conséquences positives, ce ne sera que du bonus... 

Or, le système éducatif ne va forcément dans ce sens.

La plupart d’entre nous ont été conditionnés à « faire des choses » pour « faire plaisir à » ou satisfaire un système.  Quand un enfant rapporte un bon bulletin de notes, cela ne lui a pas forcément fait plaisir et mis la joie au cœur d'aller et travailler à l’école, d’apprendre par cœur des tables de multiplication pour obtenir ce résultat… Mais, puisque à son jeune âge, il n’a pas la capacité cognitive de se projeter dans l’avenir et de donner du sens sur le long terme à ce qu'on lui demande de faire, il le fait juste pour la satisfaction immédiate de "faire plaisir" à ses parents et obtenir la fierté et la reconnaissance de ses parents, qu'il considère comme de l'échange de preuves d'amour. Il peut aussi le faire pour obtenir en conséquence la satisfaction de faire ce qu'il aime vraiment: "si je ne rapporte pas de bonnes notes, je serai privé de sorties, d'aller à la danse, de jouer à mes jeux vidéos...". Parfois même dans leurs activités de loisirs, comme le sport, la danse, la musique, certains enfants ne prennent pas forcément de plaisir à jouer, ce qui compte c’est de performer, gagner le match, être bien classé, que la chorégraphie soit parfaite, que ce soit un triomphe ou de jouer un morceau sans fausse note. La pression

Il est important, quand nous devenons adultes, c'est à dire à partir de l'adolescence, de clarifier les raisons pour lesquelles nous faisons les choses. Que ce soit dans nos études, dans notre travail, en couple, en famille, dans l’engagement associatif, ou la pratique d’un sport… Pour quelle raison, dans l'espoir de quel avantage, je le fais ? 

Est-ce que faire mon travail me rend heureux au quotidien ? Je suis couturière et j’adore coudre: parfait! Je couds, je couds, je couds tellement de choses que je les vends car j'en ai trop pour moi. 

Ou je le fais car j’espère uniquement le revenu à la fin de mois (qui me permettra d'acheter des choses pour me récompenser de mon effort et de mon abnégation), ou il me plait de bénéficier du titre et de la réputation qu’il me donne (d’autant si on m’appelle « Maître » ou « Docteur » !), ou encore je veux faire plaisir à mes parents ou ne pas les contrarier en assurant la succession de l’entreprise familiale… ?

On observe souvent des quadras-quinquas-cadres-supérieurs, qui ramènent dans leur foyer de bons bulletins de notes, heu… de beaux bulletins de salaire, et pourtant, ils ne ressentent aucune satisfaction, ni au travail, ni à la maison. Ils se sentent stressés en permanence et c'est particulièrement inconfortable. Ils réappliquent le conditionnement de l’enfance, où en conséquence de leurs brillants bulletins, ils obtenaient la satisfaction et la reconnaissance de leurs parents, et la tranquillité de faire ce qui leur plait. Or à 40 ou 50 ans, ils continuent à faire leur part du contrat, sans contrepartie puisque leur partenaire de couple de les congratule pas à la fin de chaque mois par des "C'est bien doudou, je suis tellement fier de toi, de ton implication dans ton travail, de tes résultats !" et ils ne sont pas tranquilles de faire strictement ce qu'ils veulent puisqu'ils ont la responsabilité d'un foyer, donc bye bye sorties avec les copains, après-midi passées au foot ou autre insouciance...

C’est la raison pour laquelle, il est important de discerner la raison pour laquelle j’entreprends quelque chose. 

Vouloir réussir ce que j’entreprends me met inexorablement en stress, et réussir pourra me rendre heureux, quelques instants, quelques heures, quelques jours… Et je dois trouver un nouveau challenge pour recommencer. C'est la spirale du stress de performance.

Faire les choses simplement parce que j’aime les faire ou/et elles ont un sens pour moi (joie, paix, tranquillité, harmonie...) est souvent le chemin de la satisfaction et la réussite