Imaginez que vous dansiez avec une personne de belle nature : cette personne est bien habillée, sent bon : le moment s’annonce prometteur, d’autant que vous aimez beaucoup danser… Vous valsez, tout est parfait sauf que… 

Cette personne, par pure maladresse et sans s’en rendre compte, vous marche sur les pieds à plusieurs reprises.

Que ressentez-vous ? 

Normalement, vous ressentez une douleur. A terme, si elle répète sa maladresse, vous pourriez même avoir des ecchymoses, voire un orteil cassé !... Sa maladresse et sa non-intention de vous faire mal n’empêcheront pas votre souffrance, et encore plus concrètement n’éviteront pas que vous ayez même un orteil cassé.

Imaginez maintenant que la relation entre 2 personnes soit une danse. Deux personnes relationnent, c’est-à-dire dansent une valse ensemble. Votre partenaire de danse, ça peut être votre compagnon de vie, votre collègue, votre enfant, votre parent, votre frère... Il est possible parfois que par maladresse, incapacité, manque d'expérience ou de recul, cette personne vous marche sur le pied. Même si vous l’aimez beaucoup et que cette personne n’est pas intrinsèquement une mauvaise personne, il arrive parfois qu’en relationnant elle nous blesse, nous bouscule de manière répétée et par pure maladresse dans sa façon de faire ou dire les choses… Souvent, au prétexte qu’il s’agit d’une personne proche, nous prenons sur nous et avalons notre douleur. « Ah, elle a cru bien faire… », mais systématiquement force est de constater que cette personne n’est jamais là où vous l’attendez, ni avec l'attitude adéquate… Toutefois, notre souffrance à son manquement elle, est bien réelle et la blessure peut être sérieuse.

Face à ce partenaire de danse maladroit, nous avons notre part de responsabilité pour la suite du ballet.

Nous pouvons, très en colère et sans explication, rejeter ce partenaire de danse… "Moi, c'est fini, je ne veux plus te voir!" Reconnaissons que, si ça a le mérite de stopper net les futurs écrabouillages de pieds, ce n’est pas très constructif et ça peut être déroutant pour le partenaire de danse qui ne comprend strictement rien à ce qui arrive et à notre comportement… (Rappelons qu'il ne se rend pas compte de sa maladresse.) C’est même nous qui risquerions de passer pour une personne instable voire méchante !

Nous pouvons attirer l’attention de notre partenaire de danse sur sa maladresse et lui faire part de notre inconfort, de notre souffrance, signifier même que nous avons besoin d’une petite convalescence et d'arrêter de danser quelques temps…

A ce témoignage, notre partenaire de danse est en mesure de choisir s’il souhaite ou non progresser dans son placement de pieds… Soit il profite de notre temps de convalescence (c'est à dire notre prise de recul) pour travailler à améliorer son jeu de jambes; soit il ne fait rien, et la prochaine fois que vous danserez ensemble, sa maladresse ne vous épargnera pas…

Si le placement de pieds de notre partenaire de valse ne s’améliore pas, nous remarquerons que nous prenons de moins en moins de plaisir à danser avec lui, que nous ressentons même une certaine appréhension… Par ailleurs, nous risquons à terme, en continuant de danser avec lui, des lésions sérieuses. Une fois de plus sa maladresse et son incapacité ne suffisent pas à éviter notre souffrance et notre blessure. Que faire ?

Si nous ne sommes pas responsables et n’avons aucun pouvoir sur le placement de pieds de notre partenaire, nous sommes par contre responsables d’accepter de continuer à danser avec cette personne maladroite. Nous avons le choix d’accepter ou pas de danser avec cet amateur qui ne souhaite pas s’améliorer et qui, manifestement, ne semble pas concerné par notre souffrance.

Concrètement, pour en revenir à la relation : que ce soit la relation à notre enfant, notre mère, notre père, notre frère, notre sœur, notre compagnon ou collègue, chacun est responsable de son placement de pieds...heu... de mots, et se doit d’être attentif à ne pas blesser l’autre. Il arrive parfois que des personnes de notre entourage proche, remplies de bonnes intentions à notre égard nous blessent par leur maladresse ou leur incapacité à gérer une situation. 

Leur témoigner de leur maladresse à notre égard est une façon de leur donner une occasion de s’améliorer. S’il ne la saisisse pas, nous ne sommes pas le seul responsable de l’échec de la relation. Par contre, nous sommes l’unique responsable quand nous acceptons de continuer à souffrir dans une relation insatisfaisante.